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Mens Gratia Artis
14 février 2010

A PROPOS DE CALIFORNICATION

TITRE_CALIFORNICATION

californication    Il serait a priori difficile de porter un regard chrétien et intéressé sur une série mettant en scène une telle débauche charnelle - mais je m’y essaye tout de même, moitié par défi, moitié pour justifier le fait que j’ai tout de même suivi la série jusqu’à la dernière saison en date. Mais toute personne sensée ayant passé outre les teaser pub racoleurs avec leur chair de strip-teaseuses défraîchie se rangera sans doute au même avis que moi : cette série n’est dans le fond pas plus anti-chrétienne que le Pape - ou presque.
Sans doute, la forme est plutôt osée, mais le message n’est, in fine, que la preuve par A+B de l’impossibilité d’être heureux en dehors d’un couple stable. Exit donc l’apologie de la fornication sous U.V, la fin de la troisième saison nous offre une liste impressionnantes de preuves à charge contre la libération sexuelle, la vie dissolue et les débordements éthyliques, au milieu desquels les quelques ridicules vestiges de fondements moraux semblent presque les effets comiques les plus réussis du programme de Showtime. En effet, après que le héros ait fait  par l’expérience le tour de toutes les combinaisons possibles qu’offre l’amour physique, on ne peut que s’esclaffer quand il tombe des nues, alors que sa fille de quinze ans lui avoue qu’elle a couché avec un garçon (en partie) par amour, et pour la beauté de la chose. D’où le tour de force, encore plus grand que celui de condamner implicitement le libertinage dans un programme populaire, qui est de nous faire dire que, finalement, la morale peut aussi faire rire.
    Mais si l’on passe au delà de ces quelques réflexions un peu banales, et qu’on élude la partie physique qui doit attirer les spectateurs comme un néon des insectes, le personnage de Hank Moody offre quelque intérêt pour celui qui veut trouver un sens à ce programme. Hank est un écrivain de génie, un génie qui a publié son chef d’œuvre God Hates Us All il y a des années, et qui, désormais, vis ce que la discographie de Slayer pourrait bien nommer son Seasons in the Abyss. De conquête en conquête, il liquide son capital, la confiance familiale et son talent d’écrivain.

wilmotCertes, le génie qui se consume dans les appétits de la chair n’est pas nouveau, on se reportera principalement à l’œuvre de John Wilmot, second comte de Rochester, libertin et écrivain britannique de génie, dont ces quelques vers sont un étonnant écho aux excès de Moody. “Since ‘tis Nature’s law to change, Constancy alone is strange” (Dès lors qu’il est loi naturelle de changer, seule la constance peut étonner). Et non seulement Hank peut être vu comme l’archétype de l’inconstance, mais encore, on s’étonne de voir avec quelle constance de fond il peut décevoir sans cesse les gens qui lui sont chers. L’inconstance d’un adolescent attardé en somme. “Natural freedoms are but just: There’s something generous in mere lust.” (Les libertés naturelles sont limitées : il est quelque chose de généreux dans un surcroit de lubricité). La surenchère constante de vice qui semble être la ligne de vie de Moody n’est qu’une expression de son insatisfaction constante, de sa recherche désespérée de quelque chose d’autre, alors même qu’il tenait parfois le vrai bonheur. «Dans l’ardeur de ses désirs, elle a aspiré le vent et ses affections» (Jérémie 2:24). Parce que Hank est incapable de faire des choix, sinon les pires, ceux dont le glauque et la démesure permettent d’éluder toute réflexion, toute réaction normale, il est de ceux qui se protègent des vraies difficultés de la vie, celles qui demandent un véritable courage, et une force de caractère : fidélité, sincérité, etc. ... Et John Wilmot de conclure, “For all men would be cowards if they durst” (Tous les hommes seraient des lâches si ils en avaient le courage).

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