INTERVIEW : MICHAEL BELK

Michael Belk est un photographe de mode américain. Après avoir travaillé pendant trente ans pour de grands nom de l’industrie de la mode, il s’est converti au christianisme et a délaissé pour un temps (indéterminé) des activités commerciales pour lancer le projet artistique «Journeys with the Messiah» (Voyages avec le Messie). Avec un traitement photographique hérité de ses talents professionnels, il crée des images fortes et poétiques mettant en scène d’une manière contemporaine et novatrice le message de Jésus.

1. Bonjour Michael. Premièrement, pouvez-vous présenter succinctement votre carrière et votre travail ?
J’ai travaillé trente ans en tant que photographe de mode et producteur campagnes publicitaires de mode et tout ce qui s’y rapporte, comme les brochures et les catalogues. Michael Belk & Company a été un prestataire de services complets pour l’industrie de la mode.

2. Vous avez travaillé pour de gros clients (Dior par exemple), et on peut dire que vous avez été au sommet. Mais maintenant vous travaillez sur un projet chrétien qui est très loin de la hype et des modes. Avez-vous senti que la photographie de mode, et tout ce qui va avec, n’était pas à même de combler votre vie autant que peut le faire le projet «Journeys with the Messiah» ?
La photographie de mode, comme toutes les autres activités humaines «mondaines», ne peut que satisfaire temporairement. Comme une drogue, il faut toujours aller plus fort, chercher mieux, aller plus vite. «Journeys with the Messiah» est très satisfaisant puisque ce n’est pas relatif aux choses humaines, mais divinement inspiré.

3. Dans le projet «Journeys ...», j’ai l’impression que vous ne travaillez pas comme un photographe d'art, mais comme si vous appliquiez vos talents de photographe de mode à un thème religieux. Et j’ai vu sur votre site la baseline «Le voyage d’un photographe de mode avec le Christ» (donc je ne dois pas trop me tromper). Etait-il important pour vous de faire de la foi une composante à part entière de votre style, au lieu de changer complètement d’approche pour s’autoriser le détour vers des thèmes plus spirituels ?
Dans ce projet, j’ai usé de toutes les capacités que Dieu m’a donné, et que j’avais utilisé et amélioré ces trente dernières années, et je les injecté dans les images.
Mon souhait était de montrer la pertinence de Jésus au vingt-et-unième siècle; qu’il est vivant et qu’il est toujours parmi nous, autour de nous. Mais je ne peux personnellement créer que de belles images à un niveau humain ... Sans l’apport de Dieu, elles auraient été vraiment différentes de ce qu’elles sont, elles ne feraient pas ressentir pareillement les choses.

4. C’est très déstabilisant de voir un contenu biblique mis en forme avec un style très «fashion photography», vous utilisez les mêmes codes que les shoots publicitaires dans les magazines de mode... Nous sommes plus habitués à des représentations iconoclastes du Christ dans la photographie contemporaine ou de mode (chez David LaChapelle par exemple ...). Quelle a été la genèse de cette rupture que vous créez entre les représentations religieuses ironiques et votre travail très orthodoxe ? Comment le ressentez-vous maintenant que le travail est achevé ?
Après des années de photographie de mode, j’ai appris à ne pas rester enchaîné, bloqué à une idée, mais plutôt à rassembler tous les éléments ensemble pour laisser quelque chose émerger. Dans le projet «Journeys...», nous n’avons fait que cela, amener les acteurs, assistants et les lieux en un même point, et là, sous la direction de Dieu, nous avons regardé les choses se passer. Les images m’étonnent encore maintenant ! Mais maintenant, je sais que j’étais juste l’assistant, pendant que Dieu créait.

5. Dans ce projet, vous donnez un rôle prépondérant à la métaphore, ou à l’interprétation poétique des versets. J’imagine que ce n’est pas ce qui vous était demandé de faire en tant que photographe de mode (ou en tout cas, dans une moindre mesure ...) Avez-vous ressenti cela comme un vide dans vos activités passées ? Trouvez-vous votre production graphique actuelle plus profonde en comparaison ?
Je ne suis pas sûr du sens de la question... Mon désir en créant ces images était de montrer une facette de Jésus que la plupart des gens ne connaissent pas. Je voulais le sortir du contexte religieux (il n’est pas venu pour fonder une religion) et montrer que son message, que la Bible a compilé en versets, est éternel; que ce message nous a été donné afin que nous vivions le mieux possible.

6. J’aimerais juste qu’on parle d’une photographie en particulier, appelée «A Second Mile», où l’on peut voir Jésus marcher et discuter avec un nazi. C’est une image très forte, qui évoque la radicalité du message du Christ, par une exemple de l’amour choquant du Christ pour chacun. Dans la légende, vous parlez de pardon. Quand vous avez créé cette image, avez-vous seulement pensé à illustrer des valeurs bibliques, ou bien aviez vous en tête la situation qui est aujourd’hui celle du peuple Juif à propos de l’Holocauste. Y a-t-il un message particulier qui est délivré aux temps actuels ?
Toutes les images sont d’abord un message, et pas l’inverse. Je ne suis pas arrivé avec une image et ai créé un message pour aller avec. Au contraire, il y avait un message que je voulais partager, et j’ai travaillé dur pour créer un visuel qui le retranscrirait le mieux possible. Une idée pour illustrer ce message était une femme pardonnant au meurtrier de se propre fille. Mais cela convenait plus à un film, il aurait été difficile de capturer cela dans une seule photo. Alors je me suis dit :»Quoi de plus difficile à pardonner, qu’un juif pardonnant à un nazi pour l’Holocauste ?». De nombreux juifs restent bloqués à cause de l’Holocauste, et cela leur inflige ne douleur dont le pardon pourrait les délivrer. Pardonner ne veut pas forcément dire oublier, ni qu’on ne tient pas les gens responsables de ce qu’ils ont fait de mal ...

7. Vous êtes un exemple fort d’engagement chrétien en travaillant sur la foi avec votre style professionnel. Travaillez-vous toujours sur des projets plus «séculiers» ? Pensez-vous que c’est important pour un créateur chrétien de séparer ses activités ?
En dehors de quelques portraits réalisés occasionnellement, je n’ai pas eu de temps à consacrer à autre chose qu’au projet «Journeys...» ces deux dernières années. j’aimerais bien à l’occasion réaliser un bon shooting de mode, mais mon emploi du temps ne me le permet pas actuellement. Peut-être bientôt ... Ce que les chrétiens ont besoin de savoir, c’est qu’il ne doit y avoir AUCUNE séparation entre notre vie chrétienne et notre vie séculaire. Jésus n’est pas à réserver pour le dimanche. Il veut être dans votre vie, votre job, votre famille, être présent partout («your all in all»).

8. Pour finir, quelle est votre opinion à propos du design graphique et de la création chrétienne actuellement ?
L’un des objectifs du projet «Journeys...» était de présenter Jésus avec une créativité et une qualité capable de rivaliser avec les plus grandes marques. Trop de représentations qui essaient de le refléter ne sont pas à sa hauteur.